Trouver la thématique de l’histoire

Je suis officiellement en pause documentaire comme je l’évoquais la semaine dernière. Orpheline de ce moyen d’évasion bien pratique pour procrastiner, me voici seule face mon histoire naissante. Que faire ? Écrire la scène clé sur laquelle je sensée travailler pour l’atelier du mois prochain me rend frileuse. Il est très probable que je vous parle de ma réserve la semaine prochaine ! Pour l’heure, je suis face à une question de fond à laquelle il est temps de répondre : qu’est-ce que je veux dire dans cette histoire ? En commençant ce projet, j’avais l’impression très nette de savoir ce que j’avais en tête de raconter. C’était sans compter sur l’indéniable fait que l’histoire est vivante, qu’elle se meut, qu’elle évolue de son côté. Elle aussi elle a des choses à dire. Ce dialogue avec elle, instauré de fraîche date, m’oblige à creuser plus profondément en moi pour trouver la racine de ma motivation.
D’un côté, il y a ce qui me semble commun à tous les textes que j’ai produits. De l’autre, il y a l’intention de raconter la trajectoire de vie de ce sumérien et la leçon qu’il en tire. Au milieu se trouve la proposition d’exercice de mon coach d’écriture pour m’aider à préciser mon intention et à faire émerger la thématique qui me tient à cœur. Il m’invite à répondre à deux questions : de quoi Sumer est-elle l’archétype pour moi ? Et de quoi Sumer est-elle l’archétype au regard de l’histoire que je veux raconter ? J’avoue que d’un premier mouvement, j’ai rangé le cahier de notes contenant les questions en esquissant une moue dubitative. Les réponses pourraient-elles être significativement différentes ?
Les jours ont passé, égrenés de toutes ces choses qui m’ont semblé prioritaires : les travaux dans la maison, le travail, l’intendance, la détresse des uns, les amours des autres. Loin de mes préoccupations créatives, il est possible que la quotidienneté et son lot de choses à faire aient eu pour vertu d’oxygéner mon cerveau, d’ouvrir mon regard sur les enjeux de cette histoire. Toujours est-il qu’une dizaine de jours plus tard, en revenant à l’exercice, j’ai été surprise du résultat. Les deux réponses n’ont pas autant de points communs que je l’imaginais. J’irai même jusqu’à dire qu’elles n’en ont pas.
J’en conclus que cette façon d’aborder le projet permet de poser les bases de l’univers dans lequel il se déroulera. Qu’il est important, parce que fondateur pour l’auteur de définir ces notions au démarrage du travail de construction pour le confort qu’elles offrent. Elles sont le maillage de l’universalité de l’histoire, celle-là même qui nous libère du poids du décor spatio-temporel ; pour un moment en tout cas. Un vrai bonus pour les spécialistes souffrant d’escapisme ! Cet angle d’approche vient pallier le besoin de recherche documentaire prématuré, qui n’était là en réalité, que pour révéler un manque d’appui.
Parce que cette vie s’accomplit sur un théâtre intérieur, le décor a de moins en moins d’importance.
Etty Hillesum