Rencontrer l’histoire

Le week-end dernier, j’ai eu une révélation. Ni plus ni moins.

Nous étions, mes camarades et moi, en atelier d’écriture immersif. C’était une première : consacrer deux jours d’affilée à mon écriture, accompagnée d’un professionnel et entourée par un cercle d’auteurs venus s’immerger eux aussi. Mon but : Reprendre de bonnes habitudes d’écriture et surtout, m’aventurer sur le terrain de la fiction.

Quelques jours avant la session je n’en menais pas large, prise dans un fol engrenage de doutes à intensité variable. Pourquoi vouloir sauter dans le grand bain ? La pataugeoire, ce n’est pas si mal après tout ! Confort émotionnel assuré, risque proche du zéro. Bon d’accord, on s’y ennuie aussi pas mal, on en a vite fait le tour. Mais est-ce bien raisonnable de vouloir apprendre à nager ? Suis-je capable d’aller barboter là où je n’ai pas pied ? C’est donc d’un pas mal assuré que je me suis avancée vers le rebord du plongeoir.

Atelier jour 1. Une fois dans le bain, les premières brasses n’ont pas été très concluantes. L’idée de départ ouvrait sur des perspectives vastes où j’avais l’impression de me perdre. Pour éviter d’avoir peur, j’avais pourtant mis les bouées. J’écris une nouvelle, point barre. Rien d’ambitieux ou d’extravagant. Pas d’enjeu démesuré ou de pari intenable. Malgré ces mesures de sécurité, je ne me sentais, ni rassurée, ni capable d’avancer. Heureusement, le maître nageur était là !

Atelier jour 2. Après avoir suivi ses conseils pour clarifier mon intention, trié entre ce qui appartenait à l’histoire du héros et ce qui s’inscrivait dans une thématique plus générale, l’apaisement s’est installé. J’ai pu m’essayer à construire une première scène sans la rédiger, juste en notant tout à trac, dans le désordre le plus complet, ce qui me venait à l’esprit. Et là, le miracle s’est produit. Les personnages ont commencé à me donner des détails sur leurs intentions que je n’aurais pas soupçonnées, me conduisant sur de nouvelles pistes narratives. L’histoire me parlait !

J’avais entendu à plusieurs reprises des écrivains évoquer le phénomène, dire que telle héroïne les avait emmenés sur un terrain glissant ou inattendu. Je croyais naïvement que c’était parce qu’ils étaient écrivains. De vrais écrivains. Que ce dialogue était une faveur accordée aux gens du métier ou mieux encore, un don du ciel reçu à la naissance. Il n’en est rien ! Vous, moi, tout le monde peut vivre cette rencontre organique avec l’histoire. Organique, oui, il s’agit bien de cela : découvrir que l’histoire est vivante, qu’elle interagit avec l’auteur aussi naturellement qu’une respiration.

Pour rencontrer l’histoire, une seule chose suffit : plonger !

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